André Lachance (1937-2021) est parvenu à regrouper une quantité impressionnante d’informations et de caractéristiques sur la vie urbaine en Nouvelle-France dans cet ouvrage qui en est devenue un de référence. Avec ce livre, il remédie à l’historiographie « pauvre[1] » sur cette thématique. Son cadre spatial est celui de la vallée du Saint-Laurent, mais plus spécifiquement les trois plus grandes villes de cette région : Montréal, Québec et Trois-Rivières. « Montréal, ville de commerce où prospèrent des bourgeois dynamiques et entreprenants; Trois-Rivières, poste de relais entre Québec et Montréal et petite place de marché; Québec, la plus grande, port de mer, centre politique et administratif important et foyer de culture[2] ». Ces sources proviennent du gouvernement civil, de l’armée, des actes notariaux et, surtout, de témoignages de contemporains. L’objectif de Lachance dans cet ouvrage est de « rendre familière la ville canadienne de la première moitié du 18e siècle en en relevant les aspects les plus caractéristiques » en démontrant, notamment, « comment les villes canadiennes répondaient au besoin de sécurité de ses habitants et leur assuraient la défense tant contre les ennemis extérieurs, anglais et amérindiens, que contre les dangers internes, feu et épidémies[3] ».
Il ne s’agit pas d’une étude sur un élément précis qui composait la vie urbaine sous le régime française, mais plutôt un portrait très large des réalités de celle-ci. Les thématiques abordées sont abondantes : démographie, types de maisons, les places publiques, les rues et ruelles, les édifices publics, les terrains de jeux, les enseignes, le peuple des villes (les vêtements, conditions socioéconomiques – élite, marchands et négociants, les « médiocres », les pauvres et les esclaves), les besoins collectifs (eau et hygiène publique), les institutions (État et Église) et les figures d’autorités.
Il s’agit par conséquent d’un ouvrage de référence bien structuré et accessible. Au-delà de tous ses informations et sujets traités par l’historien, certains constats ressortent et nous permettent de bien saisir les éléments fondamentaux de la vie urbaine en Nouvelle-France. D’abord, la ville canadienne est très bien intégrée au paysage rural. Il n’existe pas de coupure ou même de contraste marqué avec la campagne qui l’entoure. Ensuite, nous comprenons bien que sous l’Ancien Régime, « la ville canadienne se définit comme le lieu du pouvoir économique (nombreux négociants), social (institutions de bienfaisance), politique (autorités administratives et militaires) et culturel (éducation et hiérarchie religieuse)[4] ».
1) André Lachance, La vie urbaine en Nouvelle-France, Montréal, Boréal, 1987, p. 11.
2) Ibid.
3) Ibid.
4) Ibid., p. 10.
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