Communication au Congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française (IHAF)

Le Congrès annuel de l’Institut d’histoire de l’Amérique française avait lieux au collège militaire royal de Saint-Jean les 19, 20 et 21 octobre 2023. La thématique était celle des Pouvoirs et mémoires dans les Amériques françaises :

« L’une des complexités des histoires des Amériques françaises tient à la diversité des empreintes coloniales dont ces histoires sont issues. Les enjeux de pouvoir et de mémoire liés à l’héritage colonial ont évolué de façon hétérogène, selon les appartenances et la succession des pouvoirs étatiques. Le congrès de 2023 entend poursuivre la réflexion commencée au congrès précédent sur «les gens en Amérique française» en explorant les interactions fondamentales entre pouvoirs et mémoires, ainsi qu’entre les mémoires elles-mêmes, qu’elles soient concurrentes ou superposées, croisées, etc. Il s’agira notamment de se pencher sur les rapports qu’entretiennent les groupes issus de l’histoire des Amériques françaises – que ce soit dans un contexte colonial ou postcolonial, que ces rapports relèvent de relations dominés/dominants ou majoritaires/minoritaires/minorisés – ainsi que sur les enjeux mémoriels qui en découlent. Ce congrès se veut une occasion de promouvoir une histoire croisée des dynamiques de revendications politiques, identitaires et culturelles qui ont mobilisé les communautés diversement concernées (Canadiens français, Québécois, Autochtones, Métis, Franco-Américains, Cadiens, Acadiens, Créoles, etc.), dans leurs convergences et leurs divergences ».

https://congres2023.ihaf.qc.ca/thematique/

J’ai eu le privilège de présenter. Ma communication s’intitulait « Pouvoirs seigneuriaux et contestations locales dans le Bas-Saint-Laurent (1790-1854) : confrontation entre discours mémoriaux et archives ». Le résumé de ma présentation va comme suit : Dans les années 1790, le riche marchand et seigneur Joseph Drapeau (1752-1810) a fait l’acquisition de plusieurs seigneuries dans le Bas-Saint-Laurent, dont celle de Rimouski. Drapeau s’est imposé dans la région en dépossédant de vieilles familles seigneuriales qui étaient en déboires administratifs et financiers, comme les Lepage. Il a fait face à de nombreuses contestations en provenance des coseigneurs et membres de la famille Lepage ainsi que de la population locale. Joseph Drapeau a administré ses propriétés foncières dans la perspective du profit capitaliste. Il a été capable d’imposer ses intérêts économiques sur la région en dépit de la forte désapprobation à son égard. De nos jours, plusieurs éléments commémoratifs portent les noms de ses filles, qui ont été seigneuresses jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854. Parmi ces endroits, nous retrouvons la municipalité de Sainte-Luce et le village de Luceville, la halte Luce-Gertrude Drapeau, le village de Sainte-Flavie dans laquelle se retrouvent la Place Sainte-Flavie et la route Flavie Drapeau. La plaque commémorative de Luce-Gertrude Drapeau, par exemple, évoque une gestion bienveillante envers les censitaires. Dans cette communication, nous examinerons le rôle joué par certaines instances légitimantes issues du colonialisme, tel que le régime seigneurial, l’État et la Coutume de Paris, dans l’imposition de pouvoirs économiques et sociaux de Joseph Drapeau. De plus, notre analyse confrontera les documents historiques impliquant des oppositions à ce pouvoir, tant sous le règne que Joseph Drapeau que des «Dames Drapeau», et les éléments relatifs à la place qu’occupe de nos jours leur mémoire magnifiée.

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