Constitué après la tenue d’un colloque organisé à Londres en 2007 par The Institute for the Study of the Americas, cet ouvrage collectif « does not purport to have uncovered the way forward for Canadian history. Its aim, rather, is to cultivate discussion[1] ». Cette discussion, selon les auteurs, doit s’articuler autour de la question de l’histoire nationale dans le Canada anglais. Ceux-ci dénoncent, justement, un manque de dialogue à cet égard et ils espèrent relancer les échanges avec la publication de ce livre. Au total, ce sont neuf essais, en incluant l’introduction, qui composent l’ouvrage. Chaque texte contribue à la réflexion sur la possibilité de générer de nouvelles approches méthodologiques, centrées sur le dialogue et l’entraide entre les différentes communautés historiennes du Canada, dans le traitement de l’histoire nationale du pays.
D’abord, la professeure à l’Université de Québec à Montréal Magda Fahrni propose de construire un « pont » entre les « deux solitudes » que sont le Québec et le reste du Canada[2]. Selon cette dernière, il faudrait que l’historiographie québécoise remédie à l’idée d’un « exceptionnalisme québécois » en privilégiant la perspective d’une histoire comparée[3]. L’approche pancanadienne, « implicitly nation-building syntheses are not the only ways in which historians of Canada can take Quebec into account. Studies of empire, of networks and of borderlands are all alternative ways of keeping in mind the historical diversity within Canada[4] ». Fahrni ajoute que «moreover, it isn’t necessary to abandon the local studies and microhistories that, to many of us, remain among the most stimulating ways of interrogating the past. The key, rather, is that we be conscious of the make-up of the particular localities that we study – and conscious of the ways in which these localities differed from others with which they co-existed in Canada[5] ». Pour sa part, le spécialiste de l’histoire publique et orale, Steven High, propose de mobiliser l’approche de l’histoire orale pour de briser les barrières entre les différents champs historiques canadiens[6]. Selon lui, cette approche pourrait créer des partenariats, permettrait l’ouverture aux dialogues et, en prime, elle serait également une nouvelle manière de partager l’ « autorité » entre les chercheurs et les individus sous étude[7].
Les professeurs d’histoire à la St-Thomas University Michael Dawson et Catherine Gidney, pour leur part, proposent de porter une attention particulière à la périodisation que nous utilisons puisqu’elle serait intrinsèquement liée à la mise en place d’une structure narrative préconstruite[8]. Les périodes, disent-ils, sont très souvent accompagnées de certaines suppositions, parfois fausses ou manquant de nuances, par les historiens et historiennes[9]. Les constats sont les mêmes pour les « décennies » ainsi que les « générations »[10]. Au final, écrivent-ils, nous devons garder en tête que « different research questions require different periodisation schèmes [11]». D’autres essais, comme celui du politicien et membre de l’Assemblée législative du Manitoba Andrew Smith, propose de se réconcilier avec notre perception de l’impérialisme britannique puisqu’il aurait « brought significant benefits to Canada which are sometimes obscured by the tendency of Canadian historians to focus on the negative aspects of their nation’s history[12] ». Christopher Dummit, professeur à la Trent University, met quant à lui les historiens en garde contre le « relativisme moral » qui vient avec l’histoire inclusive[13]. Les historiennes Adele Perry et Katie Pickles, dans leurs textes respectifs, écrivent sur l’importance de prioriser l’histoire transnationale afin d’élargir nos horizons[14].
Enfin, le dernier texte, celui de Michel Ducharme, dénonce la marginalisation de l’histoire des idées au détriment de l’histoire sociale et politique[15]. Il propose d’interpréter l’histoire canadienne à la lumière de l’influence des idées dans l’« Atlantic Framework[16] ». « Even if the Atlantic framework is not popular among Canadian historians, écrit-il, it could revitalise Canadian intellectual history by encouraging historians to question some old interpretations and revisit the usual intellectual categories of analysis from an international perspective [17]». Ainsi, nous retrouvons dans cet ouvrage collectif une variété de possibilités méthodologiques et d’approches qu’il serait possible de mobiliser pour favoriser un dialogue entre les différentes communautés historiques du Canada sur la question nationale du pays.
[1] Christopher Dummit et Michael Dawson, dir., Contesting Clio’s Craft. New Directions and Debates in Canadian History, Londres, Institute for the Study of the Americas, 2009, p. XV.
[2] Ibid., p. 1.
[3] Ibid., p. 16-19.
[4] Ibid., p. 20.
[5] Ibid.
[6] Ibid., p. 45.
[7] Ibid.
[8] Ibid., p. 53.
[9] Ibid., p. 54.
[10] Ibid., p. 64-65.
[11] Ibid., p. 73.
[12] Ibid., p. 75.
[13] Ibid., p. 115.
[14] Ibid., p. 122-161.
[15] Ibid., p. 162.
[16] Ibid., p. 170.
[17] Ibid., p. 173.
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