Habitants, marchands et seigneurs – Allan Greer

Allan Greer est un professeur d’histoire à l’Université McGill de Montréal. Son champ de spécialisation concerne les colonies nord-américaines, l’histoire du Canada ainsi que le monde atlantique français[1]. Habitants, marchands et seigneurs est une étude qui analyse fondamentalement trois paroisses du bas Richelieu (Sorel, Saint-Denis et Saint-Ours) de leurs créations au XVIIe siècle jusqu’au XIXe siècle. Dans cet ouvrage, Greer explique la rencontre entre le capital marchand et une paysannerie qu’il considère féodale. Un apport substantiel de l’ouvrage est de réfuter plusieurs images erronées de la population canadienne-française qui ont été entretenues par certains chercheurs dans le passé. « L’image des Canadiens français qui en ressort est beaucoup plus riche et nuancée[2] ». Ce qui est intéressant, c’est que l’auteur ne cherche pas à donner une image uniforme de la société rurale canadienne-française. Greer démontre habilement que les Canadiens français n’ont pas, contrairement à l’idée largement défendue dans l’historiographie traditionnelle, tous tourné le dos à l’économie de marché. Il compare la paysannerie canadienne-française à d’autres en Europe et avance que les Canadiens français ne sont pas les seuls à avoir redouté l’essor de l’économie de marché et que le phénomène a bouleversé bien d’autres sociétés rurales.

Dans l’avant-propos, l’auteur nous dit clairement qu’il considère l’institution seigneuriale comme une forme d’exploitation et de domination féodale[3]. Il précise toutefois que l’insistance qu’il « porte aux aspects féodaux de la société rurale des premières années du Canada, par contre, n’a pas pour objet d’identifier un quelconque héritage culturel non-capitaliste (après tout, quel pays d’ascendance européenne n’a pas de passé féodal?)[4] ».

Dans son premier chapitre, Le début du XVIIe siècle, Greer commence par analyser les origines du Canada rural de manière globale. Il ne se concentre pas immédiatement sur la région du bas Richelieu. Pour l’historien, le Canada français serait une création du capital marchand européen. Il nous dit que « le commerce n’a jamais cessé d’être la première activité économique de la colonie[5] ». Ce serait surtout dans les villes que s’est maintenue la tradition commerciale axée sur le profit qui était pratiqué par les premiers fondateurs du Canada. Greer croit que « tant le couple urbain-commercial qu’agraire-fédoal de la France du XVIIe siècle ont participé à la fondation du Canada[6] ». L’historien souligne que dans l’historiographie, les marchands et les aristocrates sont souvent perçus comme des acteurs en opposition, mais il précise que ces deux classes sociales n’étaient pas nécessairement en conflit au Canada. C’est dans la deuxième section de son premier chapitre que Greer traite concrètement des premiers militaires, devenus seigneurs, qui s’établissent sur les rives du Saint-Laurent et plus particulièrement dans le Richelieu. Pour ce dernier, « jamais la seigneurie n’a fonctionné comme une unité d’administration gouvernementale et jamais les seigneurs n’ont été, ainsi que certains l’ont prétendu, des « agents de colonisations » ou des représentants locaux du pouvoir étatique[7] ». Selon lui, la propriété seigneuriale est installée au Canada pour soutenir une aristocratie en lui destinant les surplus des paysans-producteurs. Greer souligne que puisque les seigneurs « maintenaient essentiellement une relation de sujétion et d’exploitation, seigneurs et paysans ne pouvaient qu’avoir des intérêts contraires, même si leurs rapports étaient adoucis et réglés par une déférence d’usage et par le paternalisme[8] ». Il ajoute à son interprétation que l’importance sociale de la seigneurie canadienne au XVIIesiècle tenait principalement à la faiblesse des autres structures de pouvoir : l’État et, par-dessus tout, l’Église souffraient de sous-représentation dans le nouveau peuplement du bas Richelieu[9]. Dans la troisième section de son premier chapitre, intitulé des Français devenus paysans, Greer nous parle de la transition qui s’est observée dans la vallée du Richelieu entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. La fin des incursions iroquoises a occasionné plus de sécurité et la colonisation s’est étendue dans cette région du Canada. L’immigration a alimenté la région et les activités agricoles et économiques ont progressé. Selon les analyses de Greer, les colons sorelois auraient franchi le seuil menant à l’autosuffisance agricole entre 1681 et 1724. Il précise qu’en 1760, « l’érection de Saint-Denis et du « Petit Saint-Ours » en paroisses a plus ou moins mis fin à la transformation de l’ensemble de campements peu sûrs qu’était le bas Richelieu en une copie solidement enracinée de la société rurale d’Europe occidentale[10] ».

Dans son deuxième chapitre, La famille paysanne et son ménage, Allan Greer établit un portait très détaillés des éléments qui caractérisaient la famille de la vallée du Richelieu au XVIIIe siècle. Pour lui, le bas Richelieu c’était d’abord et avant tout un pays de fermes familiales. « Le bas Richelieu était habité par une classe forte homogène de cultivateurs qui vivaient dans des ménages autosuffisants et possédaient chacun suffisamment de terrain pour assurer le vivre, mais pas assez pour dominer d’autres individus[11] ». La famille, c’est l’unité fondamentale de la production agricole dans cette société et l’historien souligne un individualisme agraire. Les pratiques communales sont peu courantes, la production est vraiment centrée sur le noyau familial. Greer analyse également les différentes épreuves que la famille pouvait surmonter au gré des saisons. La vie à la campagne suivait, selon Greer, un cycle saisonnier prononcé[12]. L’historien met vraiment l’emphase sur l’importance du rôle de chaque membre de la famille dans la production agricole. Il souligne que « mettre à pied un membre de la famille était inimaginable, et le sous-emploi saisonnier alternait donc inévitablement avec des périodes de manque de main-d’œuvre. Non seulement les disponibilités étaient-elles limitées et peu souples, mais le capital restait plutôt rare et les institutions bancaires n’existaient pas. La richesse avait peu de chance de s’accumuler dans les mains de la paysannerie. Les charges féodales et les restrictions en matière de propriété terrienne pesaient certainement de tout leur poids contre une telle formation du capital, tout comme les exigences de reproduction sociale[13] ». Nous comprenons clairement que dans le Canada français rural, le contexte familial définissait les objectifs des cultures de la terre et d’élevage. Les habitants devaient vendre des produits agricoles pour diverses raisons, mais leurs efforts se portaient, premièrement et avant tout, sur le maintien et la reproduction de l’unité familiale; la « subsistance », dans le sens le plus étendu du terme, était la finalité de l’agriculture[14]. 

Le troisième chapitre, Des générations de paysans, aborde les différents éléments qui caractérisaient la vie des paysans tels que le mariage, la mortalité sexuelle, la démographie, l’héritage ainsi que la colonisation. Les grandes lignes qui ressortent sont les suivantes. Pour le mariage, Greer dit que « puisque la main-d’œuvre salariée était relativement rare, le ménage paysan et la famille biologique avaient tendance à coïncider de très près dans cette région du monde, et c’était le ménage familial qui formait l’unité fondamentale de production matérielle et de consommation[15] ». Quant à la mortalité sexuelle, « la famille ne se réduisait pas seulement à une unité fondamentale de production et de consommation paysannes, elle était aussi le siège de la vie érotique et de la procréation[16] ». Lorsqu’il aborde la question démographique, l’historien souligne que « pour l’essentiel, la population du bas Richelieu connaissait des niveaux de fécondité qui était quelque peu élevée et des niveaux de mortalité plutôt bas en comparaison à la plupart des populations européennes de l’époque[17] ». Il ajoute également qui si l’on compare avec nos standards modernes, les conditions sanitaires étaient « écœurantes » dans les campagnes québécoises au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. « Plus d’un paysan buvait dans la même tasse, les pipes passaient d’une bouche à l’autre, on crachait sur les planchers et la nourriture était mâchée avant de la mettre dans la bouche des bébés. On laissait les carcasses d’animaux pourrir là où ils tombaient dans les champs. Les latrines ont été pratiquement inconnues avant les années 1830. De plus, les puits étaient régulièrement contaminés[18] ». La section sur l’héritage traite beaucoup des donations entre vifs et les changements dans la pratique des coutumes successorales, qui s’expliqueraient selon trois différents facteurs. Le premier serait l’environnement. Avec le temps, moins de terres sont disponibles et cela augmente considérablement la pression démographique. Le deuxième est institutionnel. Suite à la Conquête, le Coutume de Paris régit encore les coutumes successorales, mais après 1763 les juges sont Anglais et ces derniers n’ont pas une compréhension aussi développée que les anciens juges français. Finalement, le troisième facteur serait économique. Avec l’établissement des commerçants locaux et l’expansion du commerce, il est devenu plus vital que jamais de conserver des terres assez grandes pour produire, au lieu de simplement subsister et payer des impôts et des rentes[19]. Lorsqu’il parle de la colonisation, Allan Greer souligne l’importante du rôle de la famille et minimise l’attachement à l’institution seigneuriale. Qui plus est, il ajoute que les familles de paysans sont véritablement indépendantes dans le sens où elles gèrent leurs affaires en se soutenant, se maintenant et se reproduisant grâce aux fruits de leurs propres travaux collectifs. Cependant, elles ne sont pas totalement indépendantes, car elles subissent un poids qu’il considère « extra-économique » qui consiste à un rapport inégal avec les gens d’affaires et les aristocrates. 

Dans son quatrième chapitre, L’ascendant des aristocrates, l’historien nous parle de la féodalité canadienne comme « des structures de pouvoir qui exigeaient hommage et obéissance et qui garantissaient qu’une partie des produits du labeur des paysans serait détournée au profit des prêtres, des seigneurs, des marchands et des fonctionnaires qui étaient amoncelées par-dessus l’ensemble des ménages paysans du bas Richelieu[20] ». Pour lui, la tenure seigneuriale n’était pas une chose, mais plutôt une forme de propriété qui, à ce titre, avait avoir avec les rapports entre différentes classes d’individus[21]. Greer est catégorique, la seigneurie n’est pas un système, mais une relation. « La seigneurie n’était ni une institution de l’État ni un recueil de règlements détaillés par le menu. Il s’agissait d’un genre de propriété dont était investi un individu (ou un corps), soutenu en dernier ressort par l’État et soumis, comme toute forme de propriété, à quelque réglementation gouvernementale à portée restreinte et appliquée de façon partielle. La nature de la propriété seigneuriale était telle qu’elle conférait à la fois des privilèges lucratifs ainsi que du pouvoir et de l’autorité sur les terres et les gens[22] ». Pour l’historien, l’ordre social « du petit univers seigneurial » reposait sur la domination et l’exploitation de la paysannerie, toutes subtile et modérée qu’ait pu être cette relation inégale[23]. 

Le cinquième chapitre, intitulé Le fardeau féodal, révèle très clairement la position de l’auteur sur la question seigneuriale. Il nous parle de la lourdeur des charges financières occasionnées par les droits seigneuriaux. Greer souligne, en parlant des droits de banalité, que « l’historiographie canadienne entretient depuis longtemps un mythe : que la loi de 1686, qui accordait des privilèges monopolistiques à tous les moulins seigneuriaux, était un fardeau autant pour les seigneurs que pour les habitants, puisqu’elle forçait les maîtres à construire des moulins en moins d’un an sous peine de perdre leur droit de banalité. En réalité, ils ont été nombreux les seigneurs dont les privilèges n’ont jamais été inquiétés même si leur moulin n’a offert ses services que longtemps après l’échéance prévue[24] ». Clairement, il défend la position selon laquelle les seigneurs étaient favorisés de toute pièce. Il aborde également la question des prélèvements féodaux et de l’économie de la famille paysanne. Il souligne que « quand nous ajoutons les paiements à l’Église et à son clergé aux droits seigneuriaux que nous venons d’énumérer, on voir clairement que les habitants du XVIIIe siècle étaient soumis à une gamme diversifiée de rentes, de dîmes, de droits et d’amendes. Et pourtant, au dire de nombreux historiens, une fois accumulés, ils ne formèrent jamais qu’un « fardeau féodal » insignifiant[25] ». Pour Greer, il y avait bel et bien un fardeau féodal, de là le choix du titre de son chapitre. Il met l’emphase sur le fait que les droits féodaux privaient la paysannerie du bas Richelieu d’une portion substantielle – plus de la moitié – de ses excédents agricoles[26]. Enfin, l’historien conclut son chapitre en affirmant que « cette combinaison d’autosuffisance paysanne, jointe à une appropriation de la richesse par l’aristocratie par l’entremise d’une coercition extra-économique, constitue la configuration « féodale » de base essentielle à une bonne compréhension de cette société rurale[27] ».

Le sixième chapitre, Le marchand en campagne, concerne l’histoire de Samuel Jacobs, un juif ayant fait fortune dans différentes branches commerciales dans la paroisse de Saint-Denis. Il nuance l’interprétation traditionnelle qui associe les marchands britanniques au développement de la colonie. L’historien souligne qu’« on a habituellement perçu cet évènement [Conquête] en fonction de critères ethniques et comme le commencement de suprématie du commerce anglais au Québec, alors que tant de nouveaux arrivants ont profité de leurs liens avec les commerçants de Londres. Ce point de vue n’était certainement pas tout à fait contraire à la vérité, même si le déclin de la bourgeoisie commerciale canadienne-française a été plus graduel que plusieurs le laissent entendre. Outre son aspect ethnique toutefois, il existe une autre façon de considérer les effets de la conquête sur le commerce au Canada : en se concentrant sur la variation dans le nombre des marchands et dans la masse des capitaux[28] ». Ainsi, ce chapitre traite beaucoup des aspects commerciaux de la vallée du bas Richelieu. Greer aborde et analyse les caractérises qui définissaient le commerce de détail, des grains et de l’agriculture dans cette région. Pour lui, « le commerce occupait peu de place dans une économie agricole centrée sur l’autosuffisance familiale et les prélèvements féodaux[29] » et la rapide croissance des excédents céréaliers au Canada aurait été en gros l’œuvre d’une minorité de paysans relativement riches qui ont simplement défriché de nouveaux sols et étendu la surface arable de leurs terres. 

Dans le septième chapitre, Les paysans-voyageurs, Greer traite des habitants qui quittaient leurs paroisses dans le Richelieu pour aller travailler dans le commerce des fourrures. C’était avant tout des engagements saisonniers et la région de Sorel fût fortement convoitée par la compagnie du Nord-Ouest. « Loin d’être des personnages secondaires, les anciens travailleurs de la traire des fourrures se sont solidement intégrées dans une communauté dont l’économie reposait sur une combinaison d’agriculture d’autoconsommation et de travail temporaire à salaire qui se soutenaient l’une et l’autre[30] ». En modifiant l’économie locale et en encourageant la profusion de propriétés minuscules, l’intrusion des salaires a aussi eu un effet profond sur la démographie soreloise. S’en suivra un décroissement. 

Dans le huitième et dernier chapitre, L’entrée dans le XIXe siècle : crise ou évolution?, Allan Greer aborde la thématique du du progrès socioéconomique de la région du bas Richelieu. Pour lui, la croissance démographique et la pénétration du capital marchand représentaient deux dynamismes fondamentaux de ce progrès[31]. Il démontre que le marché n’a pas entraîné d’abandon de la pratique traditionnelle de satisfaction des besoins familiaux directement à partir des aliments obtenus par l’exploitation de la terre. « Dans le bas Richelieu, aucun passage à l’« agriculture commerciale » ou à une « économie de marché » n’a eu lieu avant 1840, d’où il découle qu’il n’y a pas eu de « retrait du marché » plus tard non plus. Au lieu de cela, la structure de l’économie agricole est restée essentiellement stable en dépit de l’essor et du déclin du commerce d’exploitation céréalière[32]. Puis, l’historien termine son chapitre en abordant la question des divisions au sein de la paysannerie. Greer nous dit qu’à l’inverse de ce que laissent croire nombre d’historiens, les habitants des régions agricoles comme Sant-Denis étaient suffisamment réfléchis pour ne pas détruire le fondement de leur mode de vie en subdivisant trop leur terre. Pourtant, ils étaient motivés par une attitude égalitaire qui contrebalançait efficacement toute accumulation de biens à long terme, même si cela ne produisait pas des règlements successoraux menant à une division parfaite d’un patrimoine. Aussi longtemps que les paysans redistribuaient leurs terres avant leur mort, il était peu vraisemblable de voir naître une bourgeoisie paysanne[33]. 

Enfin, l’historien conclut en soulignant qu’une productivité plus grande que celle qu’il a décrite dans son ouvrage aurait été incompatible avec l’organisation féodale des campagnes du Bas-Canada, et, en dépit des belles phrases des « marchands montréalais », les progrès du commerce n’ont pas contribué à la moindre percée. Greer souligne qu’il « faudra attendre quelques décennies de plus au XIXe siècle avant que des forces plus puissantes que le capital marchand viennent jeter par terre les fondations du vieil édifice; le régime seigneurial ne serait plus qu’un souvenir, l’école deviendrait universelle, le chemin de fer relierait la région aux villes lointaines et les paysans du bas Richelieu prendraient le chemin des « factries » (en parlant des industries) de Lowell, Biddeford et Montréal. En 1840, ces changements fondamentalement révolutionnaires s’étaient à peine amorcés[34] ».  


1) Université McGill. « Allan Greer », 2018, [En ligne],  https://www.mcgill.ca/history/allan-greer, consulté le 10 octobre 2018. 

2) Allan Greer, Habitants, marchands et seigneurs : La société rurale du Bas-Richelieu 1740-1840, Sillery, Septentrion, 2000 [1985], p. 7

3) Ibid., p. 14. 

4) Ibid., p. 16. 

5) Ibid., p. 21. 

6) Ibid., p. 23. 

7) Ibid., p. 27. 

8) Ibid., p. 34. 

9) Ibid., p. 31. 

10) Ibid., p. 40. 

11) Ibid., p. 42. 

12) Ibid., p. 57. 

13) Ibid.

14) Ibid., p. 58. 

15) Ibid., p. 85. 

16) Ibid., p. 88. 

17) Ibid., p. 90. 

18) Ibid., p. 101. 

19) Ibid., p. 115. 

20) Ibid., p. 125. 

21) Ibid., p. 126. 

22) Ibid., p. 141. 

23) Ibid., p. 143. 

24) Ibid., p. 175. 

25) Ibid., p. 178. 

26) Ibid., p. 183. 

27) Ibid., p. 186. 

28) Ibid., p. 189. 

29) Ibid., p. 225. 

30) Ibid., p. 242. 

31) Ibid., p. 256. 

32) Ibid., p. 272. 

33) Ibid., p. 292. 

34) Ibid., p. 300. 

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